Billets qui ont 'Nietzsche, Friedrich' comme nom propre.

Irons-nous tous au paradis ?

Titre faisant référence à ceci (pour ceux qui n'auraient pas reconnu).

TG sur l'eschatologie (ie, l'au-delà et les fins dernières).
Cette année, les TG présentent une ambiguïté déconcertante : comme d'habitude nous devons lire des textes et préparer nos réponses aux questions d'un dossier, mais la chargée de TG semble considérer qu'elle doit simplement s'assurer que nous avons bien compris les textes en question et que nous ne devons pas déborder sur d'autres aspects du sujet.

Aujourd'hui il s'agissait des positions de l'Eglise concernant l'au-delà, avec un curieux avertissement : si les théologiens ont la charge de s'interroger, il s'agit pourtant de ne pas désarçonner le peuple des fidèles peu habitué à ce type de recherche (un faux air de "ne pas désespérer Billancourt").

Les deux autres textes provenaient de Karl Rahner et Louis-Marie Chauvet. La position de fond est simple : tout homme peut être sauvé ainsi que le Christ l'a promis par sa mort et sa résurrection.

Les choses se sont compliquées (pour ne pas dire envenimées) lorsque j'ai fait remarquer qu'il fallait que la personne considérée accepte ce salut : qu'en était-il de l'homme ayant passé sa vie au service des autres et refusant Dieu avec colère sur le thème « si Dieu existe, j'espère qu'il a une excuse1 » ? Qu'en était-il de l'homme bon refusant au jour de sa mort ou du jugement dernier le salut proposé2 ?

Je n'ai pas réussi à faire comprendre ma question. Heureusement elle a été relayée et soutenue par d'autres élèves, mais la chargée de TD n'entendait clairement que la possibilité pour l'homme méchant de finir en enfer, ou du moins elle semblait tellement s'attendre à cet argument qu'elle n'entendait pas une question plus étrange : l'homme bon refusant le salut.
J'ai fini par résumer : « Mais enfin, on ne peut tout de même pas être sauvé contre sa volonté ?! »
A cela, pas de réponse. Ce cas ne paraît pas envisagé.

Et pourtant, il existe des gens admirables en colère contre Dieu (auquel ils ne croient pas, un élève a souligné le paradoxe, mais c'est toujours plus complexe que cela : d'une certaine façon ils sont en colère contre son silence). Seront-ils "consolés" contre leur volonté ? Ou leur volonté fondra-t-elle comme neige au soleil ? (Questions très théoriques, certes (smiley), mais puisque nous sommes là pour les prendre au sérieux…)
Et je pense à la préface de Lolita : il y a trois choses que les braves gens conformistes ne peuvent accepter : un noir vivant avec une blanche, un athée menant une vie bonne et heureuse, un adulte convoitant une enfant.


J'ai ensuite rejoint H. au congrès du Modem. Il y était depuis le matin. Il avait présumé de ses forces et nous sommes partis avant la fin, vers quatre heures. Le retour en voiture fut pour lui un calvaire.



Notes
1 : citation dans les premières pages de La Fée Carabine. Plus sérieusement, pensons à Nietzsche infirmier durant la guerre de 1870.

2 : par là je demandais quelle était la position officielle de l'Eglise puis que l'exercice consiste à connaître ces positions officielles et les (nombreux) débats en cours.

Philosophie morale

J'ai passé une grande partie de la journée à chercher Laudato si (encyclique papale sur l'environnement), déplaçant et auscultant des piles de papiers et de livres.
Il faut me rendre à l'évidence, je n'ai pas dû l'acheter, je ne l'ai pas trouvé (il est téléchargeable, mais je voudrais le lire sur papier et dans ce cas, je préfère avoir un livre que l'imprimer moi-même).
Passé chez l'encadreur déposer ma baleine.

Le cours du lundi a lieu exceptionnellement aujourd'hui. Grande retenue dans les vœux: on dirait qu'avec la conscience de l'ère Trump qui s'annonce (et Dieu sait qui en France), personne n'ose vraiment prononcer les mots de « Bonne année » (en tout cas pas moi).

Premier cours de philosophie morale. La professeur (jeune, très belle voix un peu grave) a trois cours pour nous parler de la vertu à travers trois auteurs. Elle a choisi Aristote, Augustin, Descartes.
Elle commence pourtant par Kant. La nouveauté de Kant: la vertu comme but en soi et non comme moyen d'atteindre le bonheur, soit une sorte d'héroïsme de la vertu, ce qui amènera Nietzsche à retourner la proposition : la vertu en tant qu'effort héroïque de la volonté est une preuve de la volonté de puissance et devient par là-même un vice.
Cours très structuré, très agréable à suivre.

De façon tout à fait inhabituelle elle nous demande de lire les livres I et II de L'Ethique à Nicomaque pour lundi prochain. Plus Laudato si pour samedi et Schillebeckx pour l'oral du 20.
C'est reparti sur les chapeaux de roue.

O. est en train de jouer quand je rentre. Nous dînons très tard.
H. est parti ce matin.

Samedi

Matinée sur Nietzsche et L'Antéchrist.
Au bout de cinq ans, c'est vraiment un grand plaisir de se retrouver à une dizaine pour parler du dossier que nous avons préparé. Nous avons un niveau homogène (ceux qui n'avaient pas un niveau de formation initial suffisant ont abandonné) et des expériences de la vie différentes, ce qui permet de vrais croisements de point de vue. C'est très intéressant.

Achat du cadeau de Noël de C., flameküche avec A. qui arrive de Lisieux.
Nous passons devant la librairie polonaise en retournant à la voiture. J'y entre en me disant qu'y acheter quelques livres la soutiendra financièrement. J'en ressors avec un peu plus que prévu:
- deux pavés pour les Noëls de ma sœur (les quatre Pajak) et de ma fille (une intégrale de Sherlock Holmes)
- Arno Schmidt, Scènes de la vie d'un faune (je voulais prendre aussi Histoires, mais je me suis trompée)
- Sebald, De la destruction, Sebald, que je dois lire depuis que Compagnon en a parlé,
- Mendelstam, Le bruit du temps, parce que j'aime profondément Mendelstam (merci Aline de me l'avoir fait découvrir)
- Minaudier, Poésie du gérondif, parce qu'il était dans mes intentions de lectures depuis ce billet et que je n'ai pas résisté en le voyant sur les rayons (ce qui confirme que la librairie polonaise est une bonne librairie pour avoir cela en stock)
- Svetlana Alexievich, La supplication, parce que GEF a dit jeudi qu'il avait fermé ce livre avant la fin tant c'était atroce (témoignages sur Tchernobyl. Cela m'a fait penser au Livre noir de Grossman et Ehrenbourg, le pire livre que j'ai lu à ce jour). Curiosité malsaine? Non, je ne crois pas. Comme un chant de larmes au dedans de moi.
- Jane Sautière, Dressing, totalement inconnu, sur les conseils de la libraire (mais puisqu'elle m'avait dit que Poésie du gérondif était très bien, j'ai pris le risque, moi qui écoute si rarement les libraires).

Rentrée. Je dois écrire une dissert ce week-end et je n'ai toujours pas commencé.
J'ai réservé un hôtel pour le 18. J'ai fini l'histoire d'Agnès et Margaret.
Lu le journal en ligne de RC pour la première fois depuis longtemps. C'est épouvantable. Cet homme est véritablement fou, enfermé dans son obsession.
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